Je suis déjà loin de ma première escale à Belle
Je suis déjà loin de ma première escale à Belle Île... A chaque fois, j'en ai ramené des souvenirs impérissables et toujours des envies d'encore...
Durant ce séjour, c'est comme si toutes les fées de Guerveur Ihuel s'étaient surpassées pour me faire sourire tout le temps (sauf le matin au réveil). Des jours et des nuits de liberté absolue, du temps plus qu'il m'en fallait... Plus que vivante, vibrante, je me suis laissée transcender par mes élans d'extase, de béatitude, d'enchantement, d'euphorie, de douceur dans une nature resplendissante de beauté... Des lumières, les oiseaux, les fleurs, le ciel, les parfums...
La dernière fois, j'étais surtout restée immobile et silencieuse. Souvent assise les pieds dans le vide sur les grands promontoires rocheux qui dominent l'océan, océan sur lequel j'imaginais de nouveaux horizons... Selon la légende, Belle Île est née du chagrin d'une fée.
Avec mon "Moi" retrouvé, je me sentais bien "réelle" dans mon bel univers, tellement loin de ce monde si faux parfois...
Même si je garde la chambre 9 du grand hôtel de Bretagne bien au chaud dans mon coeur (ma première piaule), je joue désormais à la "Belliloise" même quand je débarque seule. Il était hors de question de remettre les pieds dans la maison de pêcheur, maintenant j'habiterai cet appart dans lequel je me suis aussitôt sentie "chez toi".
Un appart spacieux et lumineux (trois fenêtres dans le salon!) avec une vue imprenable sur l'arrière port. Les autres donnaient sur l'église, les rues, les toits, mon futur boulot...nan je rigole. (J'avais juste besoin de me prouver que je pourrais me faire embaucher si je postulais...vraiment)
En tout cas dans cette cuisine, j'ai presque eu envie de me préparer à manger...mais je ne sais pas faire! ;).
Beaucoup de bleu, j'aime bien le bleu... ;) Il y avait aussi une chouette petite salle de bain et une jolie chambre mais c'était celle de mon gros sac. J'ai passé des nuits merveilleuses sur ce canapé super inconfortable. Mes très longues journées à arpenter l'île dans ses moindres recoins, ma sale manie d'ignorer la fatigue et de lutter contre le sommeil jusqu'aux heures indécentes de la nuit ont eu raison de mes levers de soleil. Ça veut pas dire que j'ai fait des grasses mat', seulement que je l'ai vu se lever surtout de mon lit ou à la fenêtre (avec une Ricoré tiède c'était parfait). J'étais dehors à 8h30 au plus tard, ça va quand même...
Parce que j'en ai passé du temps à bader d'en haut tout ce qui bougeait ou pas... Chaque jour, les cloches de l'église, les mouettes sur les toits, la vie en bas, le ballets des bateaux, les départs et les arrivées des ferry, la vue sur Houat (par beau temps)... Putain j'avais pas assez de mes deux yeux! Et la nuit, le vent, les fantômes qui apparaissaient (dans ma tête) sur la citadelle...
J'admirais tous les bateaux, hallucinée par la précision de manoeuvre portuaire de ce caboteur (environ 40m) pour pénétrer l'écluse et l'étroit bassin à flots. Il assure le ravitaillement de l'île (en tout) plusieurs fois par semaine en alternance avec son collègue le "Taillefer 3".
Je les admirais tous, des petits chalutiers aux majestueux voiliers...
Avant, même avec une Twingo, je faisais des détours pas croyables pour éviter la porte Vauban...
...ainsi que celle de Bangor juste derrière. On peut pas se croiser dessous et la visibilité est plus que moyenne. Maintenant, je les passe sans paniquer toutes les deux même avec "un veau" (une Ford Fuego break, bleu ou violet j'hésite encore). Putain j'assure!!!
Au sommet de la Porte Vauban, on domine PORZ-LAE et l'océan!
Redescendre toujoursen flânant dans le dédale des rues colorées de la ville, toujours la même fascination devant les personnages de cette vitrine. Le petit mignon aux yeux verts qui me tend le bec ne coûte pas moins de 70 ou 80 "neurones" (comme dirait mon pote). Est ce que je vais résister jusqu'au jour où je vais le regretter en pestant que c'était stupide d'espérer que son prix baisse alors que l'art lui n'en a pas? Je pourrais toujours m'en inspirer pour m'en faire un de moi pour moi. Sans les cheveux en plus... Et puis pas avec un socle en bois, ou bien flotté... Non il faudrait une bonne caillasse, qui serait comme une île... Oh putain, je viens d'avoir une idée!!! Non j'ai des tas d'idées!!!
Sur ce port, j'aime sourire aux pêcheurs, mais seulement aux anciens qui discutent volontier pour "raconter". Mon meilleur livre d'histoire se trouve sur celui Sauzon.
Le temps oeuvre sur cette oeuvre... La première photo date de 2013, la seconde de la semaine dernière.
Chaque jour, je venais y lire quelques pages en buvant chaque fois "le dernier café de ma vie". Parfois mon pote ex psy repenti, anciennement loueur de vélo et actuellement en recherche d'avenir me rejoignait. Les autres, j'ai fait en sorte de ne pas les croiser, j'avais vraiment pas le temps pour une cuite. Et puis j'aime être seule sur cette île où personne ne m'attend, où personne ne me manque...
J'ai vécu intensément chaque minute de cette existence rêvée sur ma Belle Île qui ne cesse de m'émerveiller toujours un peu plus. Je me demande combien de fois j'ai relié les feux de ce port qui me sont aujourd'hui aussi précieux que les tours de celui qui m'a vu (et me voit toujours) grandir.
C'est fou ce que la vie peut être belle quand je décide qu'elle le sera quand même...au moins jusqu'au prochain pavé qu'elle m'enverra dans la tronche. Parce que je sais bien qu'il y en a d'autres à venir, certains seront fatalement inévitables, les autres seront probablement bien mérités. Je peux aussi mourir sur la route demain, être victime d'un AVC et me retrouver prisonnière de mon corps à Berck/s Mer, me faire buter par un serial killer etc... Alors autant en profiter pendant que tout va bien tout ne va pas trop mal. ;)
Et c'est exactement ce que j'ai fait, dès le premier soir sur la pointe des Poulains où en plus d'un coucher de soleil mémorable, j'ai vécu une "expérience" humaine inoubliable. Putain merci la vie...
J'ai même réussi à descendre aux pieds des Aiguilles de Port-Coton pour y vivre "mes derniers instants de bonheur" avant ma superbe perdition, coincée au milieu d'une falaise d'environ 40m... J'ai tellement cru que j'allais y passer la nuit que je ne suis pas sure de vouloir y redescendre une autre fois...seule. Putain je suis folle, complètement et incurablemement folle...mais fiere de l'avoir fait.
Et encore une fois, pour la deuxième fois, je n'ai pas versé une seule larme en m'éloignant de mon précieux cailloux. On dit jamais deux sans trois, tant mieux cette fois.
Je reviendrai à l'automne... Je reviendrai toujours...
Parce que là bas, je n'ai besoin de rien de plus que ce que je n'ai déjà.
Les vacances sont à présent terminées, il ne me tarde pas de retourner au taf mais comme d'hab, je serai contente d'y être une fois que j'y serai. ;)