Le bout de mon monde, c'est une île sur une
Le bout de mon monde, c'est une île sur une île...
Je me suis symboliquement appropriée ce territoire, il est le lieu privilégié dans lequel j'ai "ancré" mon histoire...
Là bas, je me laisse aller à mes pensées...et aux émotions associées. Ces terres sont imprégnées de mon meilleur comme de mon pire. Ici, j'ai déjà entendu de terribles sanglots et d'épouvantables hurlements... Ils ont laissé place aux silences des sourires soulagés, résignés et prometteurs.
A mes yeux, la pointe des Poulains est comparable à un coffre au trésor rempli de pépites d'espoir...
Dans ce panorama à la fois apaisant et tonifiant, je me sens totalement en cohérence avec ma nature "essentielle", en harmonie avec mes valeurs fondamentales... Je n'y suis personne d'autre que moi même, avec mes joie et mes peines, souvent loin des regrets du passé et des angoisses à venir, surtout connectée au moment présent.
Je ne me lasse pas de ces heures à contempler, à rêver, à me balader...dans tous les coins et recoins. Parfois, j'ai de ces crises de joies, des envie de danser, de faire le poirier, de courir dans tous les sens... ;)
Les falaises sont le royaume des oiseaux marins . Ils sont omniprésents, il est impossible de ne pas les entendre ou les croiser à chaque instant et tant mieux. Les goélands (marins, bruns et argentés), les cormorans huppés, les aigrettes garzettes, les avocettes plus qu'élégantes, les tournepierres à collier, les huitriers pie, les craves à bec rouge... Mais aussi les fauvettes, les mésanges, les coucous, les faucons crécerelle, les faisans, plus ceux que j'oublie et tous ceux que je ne sais pas encore identifier!
Quelle chance d'avoir des (vraies) ailes...
Le printemps a envahi le paysage, semant ses couleurs odorantes sur la landes et les falaises. Principalement des doigts de sorcières (dont le jus des feuilles calme les petits bobos, c'est toujours bon à savoir) et de l'armérie maritime mais tellement d'autres encore.
Jamais je n'avais vu l'océan aussi "calme et tranquille" ici. A peine quelques murmures, des échos silencieux...
Avec un minimum de condition physique, certaines criques sont plus ou moins facilement accessibles, d'autres se méritent...
...c'était justement celles qui m'attiraient le plus.
Tous les soirs (à part celui aux pieds des aiguilles Port Coton), je rejoignais l'îlot pour regarder les dernières lueurs du jour, et les premières de la nuit.
Je me souviens avoir déjà publié une photo de cette toile éphémère représentant le phare en novembre dernier. Aujourd'hui, il s'efface en m'offrant un clin d'oeil symbolique en guise d'adieu. Vous la voyez vous la nana blonde qui sourit? Derrière elle on voit les nuages, l'océan et quelques rochers! On voit bien ce qu'on a envie de voir...
Auprès de ce phare, je m'offre des moments de grâce qui ne se paieront jamais.
Ce soir là, bien "incrustée" dans la falaise, rien ni personne ne pouvait bouleverser ma tranquillité, troubler mes instants d'éternité... Envahie d'une incroyable plénitude, je me suis sentie minuscule devant l'infiniment grand et je me suis abandonnée à sa lumière... Invisible, immobile, seule...
"Regarde là bas
Au bout de mon doigt
Si rien ne bouge
Le ciel devient rouge"
Je "revenais" toujours à temps pour guetter les premières lueurs du phare, un rituel sacré...
J'aime les nuits ici, aussi bien celles qui sont douces et étoilées au printemps et à l'automne, que celles battues par la rudesse les vents d'ouest de l'hiver. Il flotte dans l'air quelque chose qui pousse au mysticisme, tout prend de telles proportions dans ces paysages étranges, à vrai dire je passe mon temps à sursauter...pour rien. Dans les labyrinthes de rochers, j'ai déjà crié très fort à cause d'un...lapin. Parfois, je crois apercevoir des ombres furtives dans le faisceau que le phare promène sur la lande et l'océan. Je connais suffisamment de légendes pour que mon imagination éclate à tous les étages. Et puis, j'aime m'y sentir un fantôme parmi les fantômes. Juste une âme qui déambule tout ça, tout ça...
Le seul endroit où j'ai réellement peur, c'est au retour, dans la grande cote qui remonte au parking. Là je ne traîne jamais et je marche (vite) les "pouces en dedans" (ça coûte rien). J'ai beau me dire des trucs très rationnels et rassurants du genre "Scoubidou nous a toujours prouvé que les vrais monstres sont les humains", rien n'y fait. Au bruit suspect de trop, je détale comme un...lapin. ;)
La première fois que j'ai visité la maison de Sarah, l'employée du musée avait du venir me déloger à la fermeture... Je ne me lasse pas de passer chez elle en imaginant que c'est chez moi!
Belle Île est le sommet d'une montagne ennoyée, c'est pour ça que je m'y sens plus près du ciel...
Ce soir, octobre me semble si loin... Chaque jour qui passe me rapproche de ses rives...