St Palais, plage du Platin. Il faisait un temps
St Palais, plage du Platin.
Il faisait un temps magnifique ce jour là, on avait pu virer nos blousons et bonnets, mais pas nos chaussures.
Je crois que mon fils aime ce rocher légendaire autant que moi. Il en connaît déjà ses mystères, ses passages secrets... Il n'a pas la permission d'y grimper seul mais il ne m'écoute pas plus que je n'écoutais ma mère.
A marée basse (surtout les jours de forts coefficients), on peut contourner le pont du Diable, se faufiler entre les rochers pour surprendre gentiment les crabes et étrilles, admirer les chefs d'oeuvre crées par l'érosion marine ou les traces laissées par les anciens... Plus de 300 pierres de taille ont été extraites du massif rocheux des Pierrières pour la construction de Cordouan le Roi.
A gauche, la Roche au Moine, au fond le phare de Terre Nègre.
C'est à marée haute que je préfère le Pont du Diable, surtout quand le temps cloître les humains chez eux... C'est l'un de mes spots à tempêtes. Il m'en a fallu des décharges d'adrénaline pour différencier le possible du complètement stupide. C'est "vers là" que l'océan m'a fait prendre conscience une bonne fois pour toute qu'il était bien plus fort et imprévisible que moi...chose que mon père m'avait répété au moins dix mille fois!
Depuis, je n'ai pas la prétention d'être raisonnable, mais je connais les limites à gratter et celles à ne surtout plus effleurer. ;)
Je ne m'aventure donc plus sous les carrelets (note typique du littoral charentais) lors des gros "coup de vent"... Je les regarde disparaître sous des mètres cubes d'eau, mais de la plage ou accrochée aux branches des "yeuses" un peu plus haut. Je me fais plaisir lors des petits grains qui m'autorisent à m'approcher au plus près des vagues qui se brisent dans un boucan d'enfer contre le rocher!
Quelque soit le temps ou la marée, ce pont n'est jamais silencieux. Il est vivant.
Quand il n'y a pas trop de houle, le coeur du Pont du Diable est un véritable refuge pour se protéger de la pluie, du vent, des gens, de la vie aussi...
J'ai passé tellement de temps à me planquer ici... Hors saison bien sur. ;)
Je me sens bien autour, sur et dans cette "péninsule" qui m'a connu à tous les âges...et dans tous mes états.
C'est bien quand l'Adulte nous accompagne (avec son téléphone d'astreinte), ça me permet de joindre l'utile à l'agréable en partageant du temps avec ma famille tout en m'offrant des balades solitaires...
Ici un petit aventurier en pleine démonstration de ses talents d'équilibriste. Aucun doute, il tient ça de sa mère.
"Maman, on mange à la plus belle table du monde"
Maintenant c'est eux qui me le rappellent à chaque goûter ou pique nique face à l'océan... Et ça c'est beau et ça le sera encore plus s'ils le répètent un jour à leurs enfants. Qu'est ce que je les aime mes gentils "enfants rois" qui sont loin d'être des tyrans!
ici c'est un peu comme aux Poulains, parfois l'océan recouvre la plage... Pour quelques heures, le Pont du Diable devient une Île.
Au loin, sa présence rassurante...
Ça ne fait pas longtemps que je trimballe ce sablier dans mon sac. Il loge parfaitement dans l'un des compartiments matelassés réserves aux objectifs que je n'emmène jamais. C'est un cadeau, symbole du temps qui passe...d'un temps à l'autre.
Deux fioles identiques. Le supérieur, l'inferieur... La transparence, l'opacité... Le vide, le plein... Le ciel, la terre... Le jour, la nuit... Les instants à venir, les présents déjà passés... La vie, la mort...
C'est un peu comme l'équilibre éphémère des toupies qui tourbillonnent avec un peu d'élan...
La chute inexorable du sable jusqu'au dernier grain, la fin d'une danse...
Et sur ma volonté, tout recommence à partir du maintenant toujours présent...
Je lui trouverai une place dans ma cabane seulement lorsque je l'aurai photographié sur toutes mes rives, dans tous mes coins et recoins... ;)
L'horizon libre s'offrait devant moi. L'atlantique était pacifique...
Un coucher de soleil tous ensemble, une image de bonheur plantée dans ma réalité.
On a tout pour être heureux. Eux, lui, nous..............................................moi.
Dans une semaine, c'est les vacances... Mes obligations familiales ne me permettront pas une escale sur mon beau caillou, je ne vais pas pouvoir échapper au séjour Stéphanois. Je ne m'indigne pas, je ne peux pas faire le coup deux fois de suite...
L'année dernière, j'avais dit que j'allais mourir si janvier ne commençait pas à Belle Île... J'avais exabusé un peu mais réduit mon calvaire à une soirée.
J'avais fait promettre à mon si vieux cabot de ne surtout pas me lâcher avant la fin de l'été... Et puis voilà, l'automne se termine et il n'en finit pas de vieillir, chaque jour un peu plus faible, un peu plus sourd, un peu plus aveugle... Il ne sort plus que pour faire ses besoins, il dort tout le temps. Je ne pensais pas qu'il deviendrait si vieux, durant si longtemps...
J'ose même pas lui faire promettre de ne surtout pas me quitter en janvier.
Si je le perds avant Noël, ils iront tous se faire foutre à St Etienne! J'irai pas.
En tout cas, on sait une chose lui et moi... On ne meurt pas d'un suicide à la madeleine, on vomit et c'est presque pire... ;)