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Mélusine se promène...
9 septembre 2015

Alors j'ai eu le mal de mer...et j'ai oublié mon

Alors j'ai eu le mal de mer...et j'ai oublié mon mal de terre.

Purée j'ai dérouillé, je pensais à cette phrase (toujours Dechépluki) qui dit qu'au début du mal de mer on a peur de mourir et à la fin de ne pas mourir. Et puis j'ai pas vomi partout, je me suis juste pliée en deux dans ma couchette durant quelques heures. Une agonie brève, intense mais efficace. Après nickel.

J'avais quand même une belle vue et quelqu'un pour prendre soin de moi.

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Prendre le large avec trois inconnus dignes de confiance. J'étais la seule nana mais ça n'a dérangé personne. Il m'ont laissé venir vers eux, je les ai laissé venir vers moi. Deux vieux anciens confirmés, un passionné et une naufragée... Super l'équipage!

Je n'ai pas eu à justifier les larmes du départ, chacun respectait les silences des autres qui en disaient assez longs comme ça.

Des conditions de navigation idéales, peut être un peu trop de soleil... J'ai passé des heures à me laisser vivre, bercée par la respiration tranquille de l'océan, les grincements du bateau, les plongeons des poissons fous, la brise dans les mats ou le souffle du large dans les voiles. Je bouquinais un peu mais je bloquais surtout sur les vieilles histoires de marins toutes fraîches que les anciens ne se faisaient pas prier à me raconter. Je m'inventais de nouveaux héros qui n'étaient jamais revenus au port... 

Le temps semblait suspendu mais pas la vie. Le passionné se découvrait une nouvelle passion pour mon appareil photo qui sans lui, serait resté dans son sac. L'envie reviendra, je le sais, chaque chose en son temps.  

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Parfois je m'endormais...un peu...beaucoup ("Elle préfère dormir en mer..."). J'avais des semaines de sommeil en retard et je passais la moitié de mes nuits à discuter, rire ou à apprendre l'harmonica sur le pont. Non je n'ai pas fait que de me vautrer dans tous les coins possibles, j'en ai aussi profité pour réviser tout ce que j'avais retenu de l'école de voile et surtout j'ai vécu des moments de pure adrénaline et putain ça fait du bien bordel !!!! 

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Cernée par l'horizon, j'avais l'esprit libre et les idées claires. J'étais parfaitement consciente de vivre une période charnière de ma vie et "demain" me semblait chaque jour moins hostile ("mais non t'as pas peur").

Le bonheur de me jeter dans cet océan de toujours qui a le même goût que les larmes mais qui rappelle aussi le liquide amniotique du ventre maternel qui m'a donné la vie. Nager droit vers l'horizon, se laisser dériver un peu...ou les deux.

Instants éternels des couchers de soleil... La sérénité des nuits qui tombaient... Les oiseaux si rares loin des cotes... Tout ça avait un goût de déjà vécu, je redécouvrais des sensations trop longtemps enfouies...

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Et puis le retour avec un rendez vous à ne surtout pas manquer! Après 8886 miles parcourues, L'hermione était au mouillage près de fort Boyard, se préparant à un retour triomphant vers son port d'attache.

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 Je crois que 3000 bateaux sont venus la saluer... Ça en faisait du monde sur l'océan, priorités aux voileux!!!!

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Des klaxonnes, des sirènes, des chants, des batailles d'eau...et nos cris de joies! 

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Je me suis quand même demandée si le capitaine pourrait me pistonner pour le prochain voyage en juillet 2016. "Tu veux traverser l'atlantique demain? OK mais c'est moi qui décide avec qui tu pars!". Il est fou de me dire ça!

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La plupart des marins avaient revêtus des costumes d'époques! Le capitaine avait pensé à moi. Putain j'étais très très très belle en pirate!!!

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Alors nous avons navigué devant la frégate le long des méandres de la Charente. Lola, La Recouvrance et tant d'autres vieux gréements partout.  Sur les rives, la foule nous acclamait. Nous on dansait sur le pont en soufflant comme des malades dans nos cornes de brumes. Un joyeux bordel.

Tous les souvenirs de fête de la mer vécues avec mon père qui remontaient, mon sang salé qui bouillonnait, j'avais tous les âges... 

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Retour au port, l'ordre de me rendre immédiatement au ponton de la Corderie où un zodiaque m'attendait. J'y suis arrivée en retard à cause d'une bande de joyeux corsaires qui m'ont forcé (si si) à boire un godet de rhum "sombre". Premier verre de la soirée après une longue période à m'etre défoncée la tète à la Ricoré. Wahou... 

J'ai donc trouvé le moyen de louper l'entrée de l'Hermione dans la forme et le début de la manoeuvre du bateau porte.

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Étape qui réclame une grande concentration pour le capitaine qui doit manoeuvrer au centimètre près. Oui il a pris le temps de tout bien m'expliquer mais c'est bien plus compliqué qu'on ne l'imagine et je risque de dire des conneries. 

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Malgré le rhum qui m'obligeait à sourire à tout le monde, j'ai réussi à stresser en le voyant parfois se pencher dangereusement. J'ai accepté un deuxième verre avec les lamaneurs, il faisait au moins 40 degrés, c'était pas le moment de me déshydrater!

L'operation a pris (beaucoup) plus de temps que prévu. Il était tendu le capitaine mais je l'admirais. Mon pote aurait été là, il m'aurait fait une de ses crises de jalousie que j'aime tant.

Derrière moi, le défilé sans intérêt... Dans le cortège, il y avait ce petit vieux,qui avançait péniblement un peu en retrait... Il était le seul survivant de cette fabuleuse idée sortie d'un délire entre pote lors d'une soirée arrosée. Peut être qu'il avait lui même décidé d'être seul avec ses morts...et le rêve de toute une vie.

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On se demande ce que distingue vraiment le plongeur dans les eaux saumâtres de La Charente. Pourtant il a trouvé une petite fuite de 4 cm de large mais sur plusieurs mètres... Alerte rouge vers 23h, grosse frayeur mais au petit matin, la frégate était sauvée d'un triste sort suite à des conséquences désastreuses. 

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Enfin les applaudissements et l'annonce de l'apéro à la capitainerie!

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Là bas, une rencontre comme je les aime. Une marquise, la soixantaine heureuse, belle comme sa vie, le Carpe Diem facile, le "plus tard" accessible, le délire existentiel et la particularité de boire du champagne à la bouteille. Une belle nuit d'ivresse dans une autre époque avec un personnage hors norme. 

Projetées au XVIII siècle, on a dansé comme des folles au milieu des reconstitutions des campements historiques et on a même brisé quelques coeurs. La ville avait remonté le temps, partout des fanfares, des tirs de canons, des soldats, des bourgeois au petit peuple et même des indiens. Je ne sais plus exactement ce qu'est devenu mon costume de pirate ni pourquoi j'ai fini la soirée en marquise.

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Vers 4 heures du matin, j'attendais l'autorisation de l'éthylotest (refusée plusieurs fois) pour conduire sans me tuer ou pire tuer quelqu'un. J'avais envie de rentrer, besoin de retourner vers celui qui m'accepte telle que je suis. S'il voulait une nana "ordinaire", il y a longtemps qu'il ne serait plus avec moi, il est loin d'être idiot bien au contraire. Pas simple de vivre avec une "autiste extraterrestre" mais il a décidé que j'étais la femme/enfant/mi ange/mi démon de sa vie et il nous aime toutes les 4. Heureusement que je vis avec un adulte qui me cadre "l'air de rien". Oui quand même...

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Maintenant, je remplis mes vies avec tout ce qui me passe sous le nez. Passage obligé par une zone d'hyperactivité dans laquelle je finirai forcément par m'epuiser. Au boulot je suis sur tous les coups. Inscription sans prise d'otage au cours de danse, d'argile et en avant pour mes débuts avec un pinceau! Sortie LPO programmées avec et sans les enfants. Et puis des virées en solitaire, d'autres en mer, un we de survie avec celui qui adore me pousser à bout... Bref je meuble à mort, c'est un fonctionnement de merde mais bon... 

Hélas je ne maîtrise pas tout, la nuit mon inconscient me rappelle l'étendue de l'Horrible. Souvent je me dégonfle et je ne dors pas, me donnant de cette façon une chance de ne pas me poser de questions en m'ecroulant de fatigue la nuit suivante... Heureusement qu'il y a des insomniaques et des décalés dans mon village. Parfois j'échoue chez le capitaine, pendant qu'il me raconte sa vie, je ne pense pas trop à la mienne. Je fais mon vampire avec son autorisation. Sa voix m'apaise, parfois il n'y a que lui qui parle. Je pleure à chaque fois qu'il me dit que je n'ai pas encore assez pleuré et que la main du secours n'est pas celle qu'il me tend mais celle que je prendrai un jour. Lui c'est mon Belle Île en terre en ce moment...  

Et il y a aussi l'enfant qui joue, danse et chante avec moi dans cette vie qu'il faut bien vivre. Depuis le début il voulait me protéger, tendre des filets pour au moins amortir l'inévitable chute. C'est toujours Dechépluki qui dit que la seule différence entre l'amitié et l'amour, c'est LA CERTITUDE. Bien sur qu'on est liés pour le meilleur et le pire, un jour on a mélangé notre sang en se faisant des promesses d'enfants. Il va me "réparer, recoller, me recoudre à la foudre super glue des cieux...".

"Mais non t'es pas toute seule..."

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Commentaires
E
La vie t'offre chaque jour une nouvelle chance. Elle s'appelle demain. <br /> <br /> Dechépluki bien entendu !
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L
Merci Pastelle. La plupart des photos postées ici sont celles du passionné. C'est un début plutôt prometteur d'ailleurs. :)
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P
En tout cas tu continues à voir la beauté des choses et à la transcrire, tes photos sont toutes magnifiques. ♥
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Mélusine se promène...
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