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Mélusine se promène...
2 septembre 2015

Me revoilà après tout ce temps. Avec une fuite

Me revoilà après tout ce temps. Avec une fuite pour ne pas changer. Et une belle...

Bon on va dire que celle ci s'imposait, je dirais même qu'elle était même largement justifiée. Le pilier principal qui soutenait toute mon architecture émotionnelle s'était lamentablement effondré. Touchée en plein "Moi".

C'est mon avant dernier gros chagrin qui m'avait motivé à créer ce blog et donc ce dernier me pousse à y revenir...

Depuis qu'il me connaît, mon pote m'a toujours prédit un gros pétage de câble... Souvent on riait même devant l'evidence, on l'avait prévu pour mes 40 ans pour déconner. Ben on y était presque... Sauf que j'avais plus du tout envie d'en rire et encore moins de tout oublier sur un tapis volant. 

Alors il y a eu quelques détours qui ne m'ont mené nulle part mais qui m'ont permis de tenir le coup en attendant le départ des deux innocents que j'aime plus que moi. Une fois libérée de mon rôle de mère "équilibrée et équilibrante", je me suis enfuie sous le regard inquiet de celui qui sait que la meilleure façon de me retenir est de me laisser partir. 

Pour changer un peu de l'hotel, j'ai échoué dans un bateau qui avait l'un de ses deux moteurs brisé. Quelle idée...

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Il s'appelait Eva comme Eva Jouan. Est ce qu'elle pétait les plombs Eva Jouan parfois? Est ce ça lui arrivait à elle aussi d'avoir bien plus peur de vivre que de mourir? 

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Ça c'était mon petit salon. Les premiers jours, la tempête extérieure était égale à celle qui me dévastait l'intérieur. Heureusement, Eva ne prenait pas l'eau et c'est pas le mal de mer qui m'a fait gerber. 

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Je continue la visite avec le salon intérieur qui m'a surtout servi de chambre. Pourtant il y en avait une mais c'est comme ça, je dors toujours ailleurs si j'ai le choix. Et puis je comptais bien ne recevoir personne puisque je ne voulais plus qu'on respire près de moi.

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Le lit était grand, il y avait largement la place pour mes gros monstres et moi. Des cauchemars éveillés durant mes nuits sans sommeil pour ne plus hurler de terreur sur ceux qui m'attendaient les yeux fermés. Je m'endormais au petit matin. La grosse loose... 

Putain, je le savais bien que la vie pouvait nous balancer des grandes claques comme ça sans prévenir mais je ne m'attendais pas à un tel coup de poing dans la gueule. Pas besoin de révision, je vais bien retenir la leçon. C'est bon là...

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La salle de bain maintenant! Bon ben fallait pas être trop gros mais l'avantage c'était de pouvoir pisser en se lavant les cheveux.

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Le soir, j'attendais passivement la nuit pour rejoindre la digue, la plage, le parc puis de nouveau la digue. Le vent, la pluie, l'orage... Dommage pour la grêle mais on ne peut pas toujours tout avoir et j'estime avoir été largement gâtée par les éléments. Ça tombait plutôt bien, j'etais pas forcément dispo pour apprécier la douceur d'une nuit d'été étoilée.

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C'était ma petite lanterne de nuit... Elle me tenait compagnie lorsque mon corps jamais assez épuisé revenait de ses balades macabres.

J'avais envie de la voler en partant pour la garder en souvenir, mais je me suis dit qu'elle manquerait peut être au locataire suivant, et surtout que j'avais nullement besoin de conserver des preuves de cette PUTAIN DE PÉRIODE DE MERDE. Oui mon sac invisible est déjà bien assez chargé comme ça et en plus mes muscles sont proportionnels à la taille de mes nichons donc on va dire que je suis un petit peu mal barrée.

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Puis est arrivé le déclic où ENFIN j'ai vu le ciel bleu. Longtemps, longtemps, longtemps j'ai regardé la course des nuages. J'avais cette sensation de "corps vide" comme au réveil d'une anesthésie générale. Je ne ressentais plus rien.

Ca faisait trois jours que je ne me parlais plus, la première chose que je me suis dite c'est "Mais non t'as pas peur!" et je me suis fait rire. Un soubresaut de vie qui a fait sursauter tous mes morts...

Alors a commencé la phase du "désenchantement calme". Ça fait parti du protocole d'action, j'aime bien procéder par étapes... Choc, colère, tristesse, résignation, acceptation... Tiens? Mais où est passé le déni bordel?!?!

Durant des heures, j'ai fait un effort surhumain pour démêler la réalité intérieure de la réalité extérieure. 

Mon courage morbide et moi on allait réagir et agir avec résilience, retrouver des marques et des repères, un nouvel équilibre dans le déséquilibre non pas de cette nouvelle vie mais de cette nouvelle solitude tout ça tout ça. 

Et puis il fallait bien vivre, il y a des gens qui m'aiment (quand même) ici... 

J'aurais pu encaisser l'echec la tête haute et non avec le désespoir d'une enfant. Ben ouais j'aurais pu, c'est vrai...  Mais je l'ai pas fait. C'est toujours quand je m'ejecte de l'ascenseur émotionnel que je sais exactement quelles attitudes j'aurais du adopter pour ne pas partir en vrille. Trop tard quoi... 

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Place au temps de la convalescence que réclame toute blessure profonde.

Je me suis remise à dormir la nuit et je me suis laissée vivre durant deux jours. 

Je respirais l'air marin à plein poumons après avoir suffoqué dans l'atmosphere asphyxiante des dernières semaines. 

J'ai fait des sourires à mes voisins de ponton, je me suis au moins remise à grignoter un petit peu.

J'ai passé des heures à me laisser bercer doucement sur l'océan lui aussi apaisé.

Les connards de goélands ne se foutaient plus de ma gueule...

Je me suis acheté un bouquin que j'avais déjà lu et un super porte clé toupie que je n'avais encore jamais eu. 

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Bien sur mes pensées ne tenaient pas toujours bien droites, elles vacillaient parfois dangereusement mais elles ne s'ecroulaient pas. "Un garrot pour stopper l'hemoragie, un pansement pour plus voir le gros bobo et en avant on y va !!!" me hurlait mon nouveau coach interne et moi je lui répondais "T'inquiete je suis au sommet de ma forteresse, j'ai mon épée, mon bouclier et toute la cavalerie derrière!!!". Je ne risque plus rien, je suis blindée, verrouillée...

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Le cinquième jour, j'ai fait mes adieux anticipés à Eva vers quatre heures du matin.

Dans un autre port, le capitaine m'attendait avec un café et un sourire. Un gars à l'allure aussi surprenante que l'est sa vie d'ecrivain aventurier. Il a déjà tout perdu plusieurs fois et il est même pas mort. Un bel exemple à suivre, lui qui laisse simplement couler ses larmes devant l'océan lorsque tout ce qui a disparu, coulé, brûlé à jamais lui manque...trop.  

A 5H30, crise de "je ne veux plus y aller" foudroyante. Je me suis dégonflée comme jamais, jamais, jamais à la dernière minute... Un peu comme lorsque j'avais 6 ans et que je m'accrochais de toutes mes forces aux barreaux de la rampe d'escalier en hurlant pour ne pas aller à l'école (ma première maîtresse du CP était une sorcière, ils ont mis du temps à s'en apercevoir!)

A 6 heures, j'embarquais sur un beau voilier avec des inconnus qui me souriaient quand même. Je ne savais pas ce qui m'attendait durant les trois jours à venir. Fallait partir...

J'essayais juste d'apercevoir le nouvel horizon qui s'offrait à moi derrière le mur pendant que le capitaine me faisait la courte échelle du quai qui s'eloignait lentement...mais sûrement.

"Tu vas voir, il n'y a rien de mieux que le mal de mer pour soigner le mal de terre" qu'il avait dit. Les premières heures, des restes de houle m'ont retourné l'estomac! 

J'ai quitté le port dans un état pitoyable mais j'y suis revenue métamorphosée en "moi-même-en-mieux" deux magnifiques lunes plus tard lors de la parade nautique organisée pour le retour de l'Hermione, suivi de l'immense privilège d'être invitée en VIP dans une autre époque.

J'ai tout le reste de ma vie pour remercier cette main qui a saisi la mienne de force avec une douceur infinie pour me rappeler qui j'étais. Je ne sais toujours pas ce que je veux mais c'est pas grave puisque je sais exactement ce que je ne veux pas et comment ne surtout pas l'avoir. J'ai le droit de tomber 1000 fois, je me relèverai 1001 fois et plus encore.

Même si cet espace est devenu aussi désert qu'une plage en hiver, je reviendrai raconter la suite de mon existence puisque je ne suis même pas morte moi non plus. 

Cette semaine, c'est avec le sourire que j'ai repris le chemin du boulot (qu'il faudra bien que j'arrive à lâcher un jour) pour une nouvelle année remplie de bonnes résolutions. Oui cette année, c'est moi la meilleure de la classe! Bien sur, je rêve déjà des prochaines vacances parce que BELLE ÎLE!!!

"Vivre sur une île est la meilleure façon de vivre en mer sans prendre le risque de se noyer"(Dechépluki).

Plus que jamais, je sais qu'un jour je n'en reviendrai jamais.

 

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Commentaires
L
Il y a hélas des solitudes que rien ni personne ne peut combler...
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M
je pourrais ecrire la meme chose sans la main tendue seule le néant et la solitude
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P
Il avait raison Eluard, il y a toujours une main tendue au bout du chagrin.
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N
À te lire, malgré les ellipses, je ressens à la fois, et en alternance, un grand désespoir, et une féroce résistance. Un duo qui m'étonne et m'émeut beaucoup, mais devant quoi je ne sais quoi dire. <br /> <br /> Je me tais, donc.<br /> <br /> Enfin, si, je suis contente de retrouver des mots et des images et de la vie ici !
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E
RIEN N'EST PLUS PROPICE A LA PENSÉE LUCIDE QU'UNE VUE IMPRENABLE SUR LA MER.
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Mélusine se promène...
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