"Attention, il y aura de belles demies heures de
"Attention, il y aura de belles demies heures de soleil entrecoupées de quarts d'heures de gros grains". Voilà ce qu'ils m'ont dit les gérants de l'hotel quand ils su que je partais en vélo jusqu'à la pointe des Poulains.
Plus de soleil que de pluie alors ça ira! Le vent? J'adore ça!
Et me voilà en route, le coeur léger sur les sentiers pas très praticables on va dire... J'ai fait un petit détour pour pédaler sur le port de Sauzon. J'étais motivée.
Ici, il n'y avait personne sauf un gentil vieillard qui pêchait au pied du phare. Merci à toi vieux marin pour ce sourire et ce moment de silence partagé!
Debout sur les pédales dans les côtes, les bras écartés dans les descentes, je gueulais que la vie etait belle! Juste un petit détour par les menhirs de Jeanne et Jean et je suis arrivée à l'extremité nord est de l'ile sous un grand soleil!
Quand j'ai aperçu le phare des Poulains, je suis restée scotchée... Je n'y croyais pas, j'y étais... J'étais dans le tableau que je regarde tous les matins quand j'ouvre les yeux (photo de P.Plisson)! BEG ER POLLEN (pointe des rochers isolés!). J'y étais!!! Alors ça méritait bien mon cri qui tue et ma danse de la joie!!! (il n'y avait personne, c'était possible)
J'ai rapidement traverser la petite plage de galets blancs pour rejoindre l'ilot, la marée était avec moi.
Après avoir fait environ plusieurs fois le tour du phare, je me suis mise à la recherche du fauteuil de Sarah Bernhardt parce que j'étais venue aussi pour ça et qu'il était évident que je ne partirais pas de là avant d'avoir posé mes fesses dessus!
Alors j'y suis allée au feeling... J'ai pris le temps d'apprecier la beauté du paysage, j'avais le temps d'oublier le temps.
Et puis cette petite plage où j'ai fumé ma première et dernière clope de la journée... Après, j'ai perdu le paquet.
Sarah Bernardt a passé de longues heures devant cette vue. C'était ici qu'elle s'isolait pour libérer ses pensées. C'est ici que son âme se promène pour l'eternité, je crois bien l'avoir aperçu, ou rêver que je l'apercevais, je ne sais plus. Depuis que je l'ai découverte lors d'un hasard qui n'en était pas un, je me suis toujours sentie étrangement liée à cette grande femme.
"La première fois que j'ai vu Belle Île, je la vis comme un havre, un paradis, un refuge. j'y découvris à l'extremité la plus venteuse, un fort, un endroit spécialement inaccessible, spécialement inhabitable, specialement inconfortable...et qui par conséquent m'enchanta." Ouais sarah...
Et puis je me suis éloignée encore avec cette sensation d'être au paradis des rêves éveillés.
Ma solitude face à l'horizon, le symbole de ma liberté... (Oui je suis un peu brune maintenant... Je préfère m'habituer plutôt que de remettre les pieds chez un coiffeur... Je fais de ces conneries parfois... Bref, c'est que des cheveux qui repousseront de la bonne couleur!)
En chaussettes, j'ai récité mes prières...
"Ô mon île chérie, Ô toi la bien nommée! Je veux vivre et mourir sur ta rive embaumée des parfums de la mer.
Que le chant de tes flots berce mes derniers rêves et le destin cruel sur tes riantes grèves me sera moins amer". (Eva Jouan)
Un tour sur les sentiers côtiers, pour descendre dans chaque crique... Enez ar Gerveur m'emerveille. Je me retrouve dans le caractère intense de cette île.
Je me suis fait un pote... Ensemble, nous avons observé les plongeons d'un cormoran.
Je marchais à travers la lande avec cette certitude: Sot e vin ganoc'h beket fin ma buez.
C'est ici que je me suis rendue compte qu'en plus de mes clopes, j'avais aussi perdu les clefs de l'antivol de mon vélo. "Allô le monsieur de la boutique de location... Ben comment dire... Vous n'allez jamais me croire... Un goéland m'a volé les clefs de l'antivol..."
Bon je l'ai saoulé, il avait autre chose à faire que de venir dépanner une pauvre fille decoiffée à peine reconnaissante qui préférait assumer les frais de dépannage plutôt que de l'accueillir comme Zorro. Et Alors?! J'avais perdu une demie heure à l'attendre moi! Et je lui ai tourné le dos pour repartir de plus belle sur les reliefs torturés.
Après quelques belles heures de contemplation, de rêverie, de vent, j'ai pris le chemin du retour en faisant une boucle dans la descente qui mène aux grottes de l'Apothicairerie. Pas de photos car le temps s'est franchement "gâté" et mon appareil photo était H.S... J'ai du descendre de mon vélo pour me taper l'enoooorme, l'interninaaaable remontée, il a plu, grêlé tout le chemin du retour.
On va dire que j'en ai bien bavé, ma belle motivation m'a lâchée à la gamelle de trop...
Les jolies chansons de l'aller ont laissé place à l'integralité de mon répertoire de gros mots et mes questionnements incessants dans ce registre là:"QU'EST CE QUE JE FOUS LA BORDEL DE MERDE?!?!", "POURQUOI JE NE SUIS PAS NORMALE PUTAIN?!?!"
Je vivais juste un beau moment de vie et mon sourire est revenu quand j'ai rangé ce "putain de velo de merde" dans le local de l'hotel.
Ça c'etait rien... Putain... En 4 jours, Belle île m'aura vu dans tous mes etats!