Plage de La Coubre, vue du sommet de la
Plage de La Coubre, vue du sommet de la sentinelle de la côte sauvage.
Ça faisait environ trois mois que je n'étais pas venue me sentir seule "d'en-haut". Contrairement aux Baleines et Chassiron, ce phare ferme sa porte au public durant l'hiver, comme Cordouan. Alors j'en profite avant et après l'invasion.
Quelques heures plus tôt, l'annonce avait claqué comme un coup de fouet sur ma gueule.
Mon père souffre d'un cancer, un petit de six millimètres, localisé, non agressif, opérable...
Je l'ai appris au milieu du champs au bout de la rue de chez moi... Avant d'arriver paniquée entre dune et forêt... Puis d'aller noyer mes larmes dans l'eau salée...
Après, j'étais là, calmée et perchée sur la plus haute bougie de mes côtes, surplombant l'océan, immense.
Il m'arrive, bien souvent, de considérer la sangle de mon appareil photo autour de mon cou ou le poids d'un sac sur mes épaules comme des entraves à ma liberté. J'aime partir avec l'essentiel comme ma clef de voiture dans l'une de mes poches arrière, mon téléphone dans l'autre et mes mains dans mes poches avant!
Tout ça pour dire que je suis satisfaite de ces quelques photos réalisées avec mon portable. L'essentiel, c'est d'y voir, au premier coup d'oeil, le soir du premier jour...
Quand le soleil se couche, le grand phare ouvre son oeil. Chaque nuit, il communique avec Cordouan le Roi, gardien de l'estuaire.
Moi aussi, ça m'arrive, quelques fois...
Mon père, il est solide, aussi bien physiquement que mentalement. Et moi, sa fille, je suis comme lui.
Ce soir là, rentrer chez moi n'était pas une priorité dans l'ordre des possibles qui s'offraient à moi.
Je savais, que cette nuit, si belle, si douce, me retiendrait longtemps. Pas seulement parce que ce monumental Ami de lumière s'admire de la plage ou confortablement vautrée sur la dune.
Parce que je fais ce que je veux...
Depuis ce jour, plus un ne passe sans que l'éducateur au grand coeur ne me pointe Belle-Île, droit dans mon horizon...
Il y a l'Ami aussi, pour tout...
Pour l'instant, je m'efforce de vivre au mieux comme si rien n'était et je n'attends surtout pas de suffoquer sous mes ailes repliées pour me tirer partout où mes angoisses s'apaisent. Je me considère en état d'urgence absolue à la moindre alerte.
L'avantage avec ce crabe qui vient nous pincer l'existence, c'est que j'ai un putain de mot d'excuse pour justifier mes "absences", valable jusqu'au 4 novembre inclus, renouvelable...au pire.