A la fin du message précèdent (celui que j'ai
A la fin du message précèdent (celui que j'ai supprimé sans faire exprès), je disais que le fait de contempler l'océan ne me suffisait plus.
Alors je navigue souvent en ce moment, j'évite le mal de terre parce que...j'ai vite le mal de terre.
Comme je ne suis pas du genre à me laisser balader éternellement par des gentils plaisanciers, j'ai pris une grande décision qui n'est qu'une suite logique dans mon parcours existentiel.
Ce qui était juste un petit rêve endormi est aujourd'hui devenu un grand défi.
J'ai quitté le port de l'Hermione pour rejoindre le mien. Le capitaine n'a plus besoin de souffler dans mes voiles pour me faire avancer.
Ce n'est pas le chant des sirènes qui m'a envoûtée mais l'appel du grand large!
Voilà, je suis inscrite à l'école de voile. Mes objectifs sont définis et j'ai déjà des points verts sur mon livret de progression!
Pour concrétiser mon rêve, je navigue au minimum huit heures par semaine!!! C'est assez contraignant, j'embarque à 70 bornes de chez moi, je rentre très tard deux soirs par semaine, je me ruine en baby sitter (mais c'est la meilleure). C'est sans regret que j'ai renoncé aux cours d'argile, de peinture et de danse pour privilégier les moments avec les enfants et il a fallu revoir toute l'organisation de la semaine pour trouver le fonctionnement qui convienne à chacun. C'était presque mission impossible.
Je suis prête à pire que ça pour réaliser ce rêve qui me tient au coeur et aux tripes.
Oui, un jour je prendrai le large, seule sur mon bateau. Il y a une différence entre vouloir affronter l'océan et vouloir s'y confronter.
Je n'ai pas l'ambition de me lancer dans la traversée de l'atlantique en solitaire (pour l'instant), je rêve "juste" de ressentir la beauté de cette liberté qui ne peut être décrite seulement par ceux qui l'ont vécu. Oui je veux me retrouver seule et isolée face à l'immensité du ciel et de l'océan, cernée par l'horizon. J'ai besoin de connaître moi aussi cette solitude absolue... J'accorderai toute ma volonté pour me donner les moyens de vivre l'instant où ce défi deviendra la plus belle revanche de ma vie! Je pourrais gueuler ma victoire à m'en exploser les poumons et à m'en déchirer les cordes vocales, personne ne m'entendra!!! (Rien à voir avec mon cri de la mort qui tue au sommet de Cordouan!)
Bon c'est pas demain, la route va être longue mais je suis déterminée.
La prochaine fois, je pense à ramener mon appareil photo, ça ne me fera rien qu'un troisième sac à trimballer. Quelque soit la lumière, les paysages marins seront toujours les plus beaux dans mes yeux.
Depuis toujours, j'aime l'océan à toutes les saisons, par tous les temps. Je râle l'hiver c'est vrai mais râler n'empeche pas "l'emerveillation".
Des trois skippers qui nous encadrent, je préfère la "nav" avec celui qui prétend beaucoup moins craindre les tempêtes que la nature humaine. Il parle très peu mais j'apprends plus vite avec lui.
Au pied de la tour des 4 sergents, mon ancienne école de voile. Petit sourire à la sale gamine qui se moquait de ceux qui chialaient sur leurs optimistes. Regards complices entre l'enfant d'avant et la supposée adulte d'aujourd'hui... "L'âge est un chiffre, la maturité est un choix..." (Dechépluki dans Chéplukelivre)
Ce n'est jamais sans une petite pointe d'émotion que je franchis les tours de ma ville. Un jour...(ta gueule on sait tu les passeras seule!!!)
Il y a tellement à savoir, j'ai encore énormément à apprendre mais je me débrouille. Malgré un léger manque de confiance en moi, je ne suis pas dans l'observation passive et beaucoup sont surpris devant l'energie qui se dégage d'"un si petit corps". Je ne renonce devant aucun exercice (même si je supplie parfois le prof de rester à coté de moi), je suis volontaire pour tout. J'ai l'intention d'atteindre rapidement le niveau "maître de bord"! Certains ne le sont toujours pas au bout de 2 ans, ça me calme mais ça ne me décourage pas.
Et puis il y a la pause des couchers de soleil... Certains picolent (c'est permis dès que la grand voile est hissée et le génois déroulé!), d'autres s'isolent... Pour l'instant, je garde mes distances avec l'équipage. A bord, l'ambiance est sympa, je suis gentille, je souris, je prête volontier mes lacets mais mon masque est figé et je reste lointaine. C'est pour ça que je m'entends bien avec celui qui ne parle pas.
J'ai pris l'habitude d'envoyer un sms pour rassurer celui qui redoutait cet inévitable moment, mais qui respecte ce que je juge bon pour moi. On se demande ce qu'une Rochelaise au sang salé fout avec un Stéphanois qui n'a même pas le pied marin. Oui, il a toujours les deux pieds sur terre, tant pis pour lui et finalement tant mieux pour moi.
En tout cas, il a dit "Non pas question!" pour mon futur voilier. Je vais le laisser tranquille avec ça. C'est vrai, il ne me le faut pas impérativement demain. Je lui en reparlerai la semaine prochaine! ;)
A chaque retour au port, j'ai la sensation que je pourrais naviguer indéfiniment... Faut pas me demander deux fois de repartir!
J'ai bien retenu les "5 F" du milieu marin:
La Fatigue, je m'ecroule sur mon lit après chaque cours (plus besoin de la Valériane qui pue).
Le Froid: Après la deuxième navigation de nuit, je me suis équipée de la tête aux pieds (et puis je vais m'endurcir!).
La Frousse: Pas encore. Un peu impressionnée peut être, pas assez pour pour m'attacher au harnais de sécurité ni pour prier le dieu de la pétole mais je me suis quand même accrochée aux chandeliers plus d'une fois... "Attention ça va gîter!!!"
La Faim: Je me dis qu'il y a peu de chance que j'en souffre vraiment, mais pourquoi pas.
Et la Foif: Bière ou rhum?
La vie est belle. "Rira bien qui rira...pour l'éternité".