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Mélusine se promène...
7 janvier 2018

Mais quelle consolation pour janvier que de

Mais quelle consolation pour janvier que de commencer l'année avec une série de tempêtes!!! 

Bien sur, l'état de psychose aussi récurent qu'infondé depuis Xynthia s'était installé sur nos côtes, mais c'était juste une belle tempête d'hiver dans un contexte défavorable en raison des forts coefficients... A partir de 100 (sur une échelle graduée de 20 à 120), c'est une grande marée et la houle provoquée par les vents entraîne une forte élévation du niveau de l'océan (surcote), donc des risques de submersion du littoral. Évidement, avec de telles conditions météorologiques, il faut être complètement idiot ou ne plus rien en avoir à foutre de la vie pour aller se promener aux endroits les plus exposés. Ce qui n'est pas ou plutôt plus mon cas depuis mon avertissement "sans frais"... ;) 

Donc aux premières heures de l'année, Carmen m'aspergeait de ses dentelles au bout du monde de Ré. Elle m'a comblée de rafales sous l'orage, la pluie, la grêle...

Le deuxième jour, le vent soufflait moins fort au Pont du Diable...mais quand même. J'ai tenté quelques photos malgré l'humidité salée ambiante.

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Et puis j'avais emmené mon fidèle beau cabot, devenu assez robuste et puissant pour me suivre par tous les temps! 

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Entre deux averses, ça"bruinait" sans cesse, cette petite pluie fine et pénétrante mêlée d'embruns. A peine je sortais mon appareil que l'objectif était recouvert de gouttelettes... 

Invisible dans la boucaille, Cordouan, le paradis des Enfers bravait la tempête... Et moi je rêvais sur quelques lignes de Jean Paul Eymond dont le métier de gardien de phare à disparu avec son départ en retraite ("En quittant le phare, je quitte aussi une part de ma vie. Ce bâtiment qui, par sa grandeur a fini par s'imposer à moi comme une maîtresse de pierre et dont aujourd'hui j'ai tant de mal à me séparer"), saluant les rouges gorges d'un jeudi matin de 2011 etc... Aussi, j'enviais les techniciens de chéplukoi employés par le SMIDDEST (et non du Service des Phares et Balises comme les anciens) dont le rôle consiste aujourd'hui d'assurer une présence humaine ainsi que l'accueil des touristes en saison. Pour Eymond, chaque marche de Cordouan racontait une histoire... 

Avant, on aurait entendu les cornes de brumes qui berçaient mes nuits d'antan, mais ça aussi c'est fini... Il parait qu'un jour, les phares trop coûteux en entretien s'eteindront, mais ça je refuse d'y croire. 

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On a pris aucun risque contrairement au gars surpris par une douche qu'il n'attendait pas, moi si... Il n'a pas apprécié quand je lui ai lancé un "Ça se voit que vous n'êtes pas du coin" moqueur et peut-être bien qu'il m'a traité de connasse en s'éloignant. Ben oui, j'aurais pu le prévenir, mais il ne risquait aucun danger et peut-être que ça lui sauvera la vie une prochaine fois.

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Au bout de deux heures, j'étais déjà bien trempée. Après une arrivée toute sauf discrète dans la seule brasserie ouverte de la grande côte, j'ai pu me réchauffer quelques minutes devant un bon grand café après avoir abandonné mon chien dans le coffre de ma voiture. Maintenant, il ne hurle plus à la mort de mon départ jusqu'à mon retour, c'était pourtant pas gagné... 

Mon appareil photo n'est pas équipé pour la pluie, j'aurais au moins essayé de le protéger. Un bidouillage totalement inefficace mais bon...   

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 Ensuite, direction le grand phare de La Coubre. 

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Je n'y étais pas venue depuis l'année précédente! ;)

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Mon Diable! Le doux chant des oyats... 

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Néo s'éclatait dans les vagues...

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Et je regardais l'océan effacer les traces de notre passage...

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La marée montait inexorablement, avalant la plage. Les vagues venaient lécher le pied de la dune, et refluaient en emportant le sable avec elles. Le mécanisme hivernal de l'érosion marine est lancé, quand les tempêtes sont répétées, la dune se fait littéralement dévorer...

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Et parfois, des silhouettes mystérieuses surgissent durant à peine une demie fraction de seconde... 

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Néo assistait aussi impuissant que moi à l'effondrement de la dune...

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Cette dune qui bientôt...

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...ne protégera plus le plus haut des phares charentais. Construit à environ 1800 mètres du rivage en 1905, il n'en est plus qu'à 150 aujourd'hui...  Ici la côte est soumise à une érosion très prononcée, c'est flagrant d'année en année.  

L'avant dernier phare s'est effondré en mai 1907, la veille de sa démolition... Puis le sémaphore en 2003, dont il ne reste plus que le socle.

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Le phare de "Bonne Anse" est donc le quatrième sur la pointe de La Coubre. C'est un grand phare d'atterrissage, le deuxième plus puissant de France (après le Créac'h) mais le seul à posséder une "barbette" (feu secondaire). Il assure un rôle fondamental pour le trafic maritime en signalant (avec le Roi des phares) l'entrée de l'estuaire de la gironde par la Grande Passe Ouest, facilitant ainsi le contournement des secteurs des bancs de sable comme La Flèche et surtout de La Mauvaise, responsables de nombreux naufrages. 

Seulement, il n'échappe pas à la menace de l'avancée de l'océan. S'il est vrai que les marins n'en ont plus vraiment l'utilité (en raison de l'évolution des techniques de navigation), il n'en reste pas moins notre patrimoine, mais pas que... Parfois, je me provoque des crises d'angoisse en imaginant qu'il subisse le même sort que ses précédents. L'évolution est imprévisible, on peut espérer des périodes "d'ensablement" mais l'océan continuera inévitablementd'avancer, la dune de reculer... Avec le réchauffement climatique, les tempêtes deviendront de plus en plus fortes et dans une vingtaine d'année (ou moins putain!!!),  le phare "gaugera"... A moins qu'il ne supporte la pression que la dune exercera contre lui... Les pires scénarios sont envisageables, ce qui ne l'est pas, c'est que j'assiste à l'effondrement de l'un de mes symboles. Alors j'espère qu'il va tenir debout encore longtemps et que ma lumière s'éteindra avant la sienne. 

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La marée était presque haute, il me tardait de voir l'océan régresser pour que la dune cesse de souffrir sous les déferlantes... 

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Il suffit de tellement pas grand chose pour se construire une cabane... J'étais trempée des pieds à la ceinture et mes cheveux dégoulinaient sur mes épaules. Quand on grelotte le martyre, il faut rentrer au chaud ou...trouver des solutions pour se réchauffer. Ça m'éclate de faire des trucs insensés lorsque je suis seule et puis ça faisait aussi rigoler Néo, ravi de partager mon petit coin de paradis...;)

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Les oiseaux avaient déserté la côte, seulement quelques goélands, quelques colonies de tournepierres...et moi. Le vent donne des ailes, il suffit de fermer les yeux, de tendre les bras et d'attendre une bonne bourrasque pour s'envoler... 

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J'ignore pourquoi les tempêtes m'apaisent autant... 

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Sans doute parce que mes errances solitaires s'accordent plutôt bien aux scènes de désolation. 

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Je pourrais marcher des heures dans la tourmente, comme anesthésiée ou défoncée au vent salé... 

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Retour vers le phare, juste quelques minutes avant son premier éclat, marcher dans l'écume...frigorifiée.

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Un bouquet d'anatifes se cramponnaient durant une croisière houleuse... Ils ne faut surtout pas les confondre avec les pouces-pieds, qui eux sont consommables (seulement en cas de survie pour moi). Pour ne pas se planter, il faut se rappeler que les anatifes se fixent aux objets déchets flottants tandis que les pouces-pieds vivent sur les rochers. 

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Il n'y a pas de plus belle symphonie que celle du vent mêlé à la colère océane. Il n'y a pas meilleur remède que la houle pour adoucir le vague à l'âme...

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Un coup de tonnerre a annoncé la pluie, qui subitement s'est mise mise à tomber en rideau, suivie de quelques vers de Cantat, comme ça dans le vent...

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Le lendemain, je n'aurais pas du aller constater les dégâts sur Oléron... Pas seulement parce que la vision de Gatseau dévasté m'a désolée, ni parce que la digue de la Gautrelle a encore cédé ou que les dunes de Vert Bois n'existent plus etc...mais parce qu'une troisième journée à gauger m'a clouée les deux jours suivants au fond de mon lit. 

Aujourd'hui, j'étais de nouveau en forme (de quoi?) pour offrir une magnifique balade d'anniversaire à mon cabot. L'année dernière, Néo venait de naître, Bazil allait mourir...

Pour mon plus grand plaisir, les vacances de noël auront été bercées par les vents... Voilà,  dans quelques heures c'est déjà la rentrée. Je serai contente une fois que j'y serai, mon boulot c'est un peu comme une seconde famille.  

Accablée par le nombre des bonnes résolutions qui s'imposaient devant moi, je me suis dit qu'il valait mieux n'en prendre aucune. J'espère seulement que 2018 m'offrira quelques opportunités de me dire: "Et puis merde! On a qu'une vie!"

Et c'est ce que je souhaite pour tous, soyons fous (autant que faire se peut). 

Oui.

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Commentaires
P
Sont magnifiques tes photos de tempêtes, en particulier la 2, que je trouve juste magique. J'aurais aimé y être, et j'aurais sans doute été trempée comme le promeneur pas du coin que tu as croisé. Juste quelques craintes pour l'appareil photo. Le coup du sac congelation est un bon système D. <br /> <br /> Ravie de voir Néo aussi, devenu si grand si beau... <br /> <br /> Bises à vous deux.
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N
Les tempêtes t'apaisent parce qu'elles sont plus calmes que toi. Plus sérieusement, je pense que "marcher" dans un tel monde doit nous transcender l'âme, nous éloigner de la mort. Les images de ce billet sont si belles, fortes et "réelles" qu'elles m'ont fait frissonner, non de froid, mais d'émotion. Bécots lyl.
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Mélusine se promène...
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