Je comptais aller sur Ré, mais je me suis
Je comptais aller sur Ré, mais je me suis retrouvée sur Oléron, un peu comme si je m'étais trompée de pont...
Bien sur que je ne vais pas revenir voir mon chien tous les dimanches. ;)
Il y avait plus de monde que la semaine dernière mais seulement quelques silhouettes lointaines, difficilement identifiables pour la plupart. Et puis ce manteau rouge a attiré mon attention.
Une ramasseuse de cailloux! Je l'ai grillée direct à sa façon de marcher, légèrement courbée sans jamais lever le nez. Chaque fois qu'elle en cueillait un, elle l'évaluait dans sa main droite pour vérifier s'il convenait. Elle ne se baissait pas souvent pour rien, la plupart de ses pépites finissaient dans ses poches.
J'ai pas pu m'empêcher de m'identifier à cette personne: "Regarde, c'est toi dans une vingtaine d'années".
Je ne savais pas trop si cette projection devait me faire rire ou pleurer...
Les dunes ont souffert des tempêtes passées, le sable semblait figé sous mes petits pas.
Bientôt des actions pour replanter l'oyat seront mises en oeuvres. Comme tous les ans...
Je me souviens des dunes d'Oléron il y a une vingtaine d'années...
Je préfère ne pas me demander ce qu'elles seront dans une vingtaine d'années.
J'ai rien trouvé à écrire sur cette page de sable blanc mais je me suis (re)mise en (re)quête d'inspiration. ;)
Il n'y avait pas grand monde non plus au bout de l'île. Hors saison, c'est presque désert les jours de pluie, il n'y a même pas un café ouvert. Chassiron lui l'est toujours.
Je n'ai pas couru, j'ai maintenu un rythme rapide jusqu'en haut. J'étais loin du malaise cardiaque, je visais plus l'extincteur pour éteindre l'incendie dans mes mollets. ;)
T'en voulais de l'air? T'en voilà!
Ça me va plutôt bien de tourner en rond au sommet des phares, suspendue entre le ciel et l'océan... ;)
La pointe du bout du monde Oléronnais et tout petit sous les cyprès, le banc où j'aime me souvenir d'une époque...qui date d'au moins d'une vingtaine d'années. ;)
Fermer les yeux pour mieux me laisser bercer par le chant du ressac sur les galets... Je l'ai pas vu venir, le figurant errant qui s'est approché pour me signaler que la marée remontait. J'ai répondu que je le savais sur le ton de "ta gueule et casse-toi". Il n'avait qu'à pas me sortir de mes rêveries en me prenant pour une touriste chez moi... Limite intrusif à quelques mètres seulement de mes poches remplies de caillasses....
Détruire un cairn, c'est comme souffler sur un cierge... Voilà ce qu'il reste de la forêt de pensées silencieuses... Moins d'une vingtaine de survivants en comptant le mien. :(
Je le savais mais la vision de ce "cairnage" m'a quand même attristée. Et soudainement, j'ai eu très froid, dehors, dedans, partout.
Il y a ce bistrot sur la place du Château qui ne s'appelle plus le Jean Bart. A part son nom, rien ne change, toujours le vieux patron, les soiffards, les habitués et quelques clients de passage comme moi.
L'Écosse venait de perdre face à la France, au comptoir, ça chantait la Marseillaise, ça réclamait des tournées... Installée dans un recoin, j'avais les yeux rivés sur la petite tache rouge, au fond à droite. Décidément le rouge...
Elle avait débarqué sur l'île en 1947 pour le restant de ses jours...
La voix de cette femme de quatre fois une vingtaine d'années m'a réchauffée plus que le café. ;)
Elle était belle à écouter, j'aurais aimé qu'elle reste, qu'elle raconte encore. Comme Ré avant le pont, Oléron était une île...
Alors je me suis replongée dans l'histoire de la vieille Mary. J'avais le temps, j'étais libre de mes heures bleues, de rentrer ou de déambuler ailleurs, de rester dans l'ombre ou d'aller vers la lumière...
Ma petite vie a repris son cours "ordinaire". Je disparais deux fois par semaine et j'assure partout entre les deux. ;)
C'est les vacances, un petit air de printemps ouvre nos fenêtres en grand depuis deux jours. C'est juste une trêve dans la grisaille de l'hiver, comme un petit souffle d'espoir...
Et l'espoir fait (sur)vivre.