J'épargnais chacune de mes heures supplémentaires
J'épargnais chacune de mes heures supplémentaires sur un "compte temps" afin de m'offrir quelques jours de vacances en juin. Aujourd'hui, il m'en reste environ moins six.
Fidèle à mes réactions d'ado attardée, j'ai tout dépensé pour aller chialer mon chien un peu partout.
J'ai survécu janvier à mi temps... Je me suis "autistisée" jusqu'à la moelle.
Dès que la vie ne m'était plus obligée, je disparaissais. Sur mon emploi du temps, le bleu a souvent remplacé les autres couleurs. Le bleu c'est la couleur de ma liberté.
Quand la vie m'agresse, le repli est mon premier mécanisme de défense...conscient. Je crois bien que je me suis toujours connue comme ça.
J'ai juste fait en sorte de ne jamais avoir à me "ressaisir", prudente en sautant d'un précipice à l'autre... On s'améliore, mais on se refait pas... Et de toute façon, j'y tiens pas.
Janvier s'est tiré, et JE me suis écorchée la gueule bien comme il faut. Un grand classique chez moi...
"Le remède à tout est l'eau salé, la sueur, les larmes ou la mer". Karen Blixen
C'est vrai.
Ça fait plus de trois semaines que Bazil est mort. Exactement trois semaines et trois jours que j'ai senti la vie quitter son corps en emportant une partie de la mienne. Ça m'a fait un mal de chien, mais ça y est, j'arrive presque à le dire et l'écrire sans pleurer.
Le gentil vétérinaire m'a avoué avoir parfois plus pleurer ses animaux que certains membres de sa famille. Devant mon immense chagrin, il m'a conseillé de ne pas attendre pour accueillir un autre chien. Ouais...
Je vais avoir besoin d'encore quelques sabliers rien que pour envisager l'idée.
Il me manque mon vieux cabochard... Quand j'étais triste, il le ressentait et ne le supportait pas en redoublant d'affection envers moi.
Quand je me laisse avaler par le grand spectacle du paysage, j'arrive parfois à me sentir si légère que j'en oublie qu'elle pèse une tonne, ma vie... C'est déjà ça.
Sentir l'océan là tout près, l'écouter, le respirer... Enfin mon esprit s'apaise devant les silences prolongés qu'impose sa contemplation. Putain c'est bon...
Quand c'est l'Alaska, le sable crisse différemment sous les petits pas gelés.
Et ce soir là, la morsure du froid était devenue presque insupportable après le coucher du soleil. Je résiste mieux à la pluie, au vent qu'aux températures sibériennes.
J'attendais une tempête pour disperser mon chien de poussières... Elle arrive, rouge comme le sang. Une bombe...
Je ne m'éloigne jamais longtemps de mes plages, de mes livres, de mes films, de ma musique. Je marche, je pédale, je nage, je cours. Je fais croire au monde que je vais bien, et le monde fait semblant de me croire. C'est tellement "plus mieux" comme ça.
Quelques temps après les fêtes, le voisin de mon enfance nous a annoncé son cancer, juste après il a enchaîné sur un AVC. Depuis il ne reconnaît plus sa femme, ses enfants...
Le Capitaine s'est vautré avec sa bagnole, il est cloué dans une coquille. Il veut crever...
Jamais deux sans trois, le compte est bon.
C'est important de se gaver, de profiter pleinement des moments de joie, de folie, de sérénité, d'insousciance, d'ivresse, de contemplation, d'Amitié, d'amour, de rires d'enfants, de lumières et de tout ce que la vie nous offre d'absolu...
...parce qu'elle n'hésite jamais à nous rappeler qu'elle est une pute.
L'Ami déteste quand je dis ça. Moi aussi.
C'est février depuis trois jours... On dirait que tout ne va plus si mal. ;)