Oléron, pointe de Chassiron... Marée montante.
Oléron, pointe de Chassiron...
Marée montante.
"Seul l'arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c'est dans cette lutte que ses racines, misent à l'épreuve, se fortifient." Sénèque
L'hiver, les phares sont déserts... Tant mieux.
Pour l'instant, c'est l'automne et ça y est, j'ai froid. J'ai ressorti ma collection de bonnets, mes bons vieux bonnets noirs, ou gris ou marins... Ça se voit pas que je suis pas coiffée quand je porte un bonnet. Ça se voit pas que je ne vais plus jamais de la vie chez le coiffeur...
L'océan effacera les empreintes de mes petits pas avant la tombée de la nuit. Ni vue ni connue...
Quand je pars, je ne dis pas où je vais et ça m'agace qu'on me le demande. D'ailleurs, souvent je ne le sais pas moi même. Je pars c'est tout. Faut pas trop me demander quand je rentre non plus... Je vais rentrer c'est tout.
Il y a longtemps, l'Adulte a dit "Elle est comme tout ce qui est unique et précieux, difficile à maîtriser, impossible à posséder". Il vit "auprès" de moi, non "avec moi" et ne doute jamais de mes retours vers lui. Parfois, j'ai l'impression qu'il me gère un peu comme ses réfugiés du boulot... En même temps, je ne pouvais pas tomber mieux que sur un travailleur social pour prendre en charge...mon existence. Putain la loose...
Si cette caillasse aux visages torturés (creusés par des coquillages lithophages je crois) n'avait pas été si lourde, je l'aurais cueillie. C'est terrible quand je commence à bloquer sur les oeuvres de la nature de chailles sculptées par le ressac en pavasses façonnées par le temps...
Celle ci pour la tombe d'Eva.
Ce traquet motteux ne m'a pas répondu quand je lui ai demandé s'il faisait exprès de se poser juste sous mes yeux, ni quand je lui ai demandé s'il savait qu'il y avait juste une consonne et cinq voyelles dans le mot oiSeau.
Plus tard, j'ai commenté un combat de fourmis. Oui oui...
Forcément, mes petits pas allaient me conduire jusque là...
Déambulation risquée... Équilibre fragile...
Je me sens bien parmi les anges de pierre... J'ai beau tendre l'oreille, la rumeur océane mêlée au chant des galets couvrent les pensées muettes qu'il me semble presque percevoir. Les secrets sont bien gardés. Tant mieux.
A quoi pense cette vieille femme qui contemple l'océan?
Quel esprit terrifié a construit cette muraille?
Qui ose un tel piédestal?
Qui a écrit le mot "EDEN" en bleu sur un galet? Et pourquoi? La couleur laissait des traces sur mes doigts, les lettres semblaient écrites au Crayola, enfin à la craie grasse quoi...
Ce galet provenait probablement d'un cairn écroulé. Aucun indice autour pour résoudre l'énigme. J'ai longuement hésité entre le garder ou le jeter au loin dans l'océan.
J'ai laissé le caillou, c'était pas le mien, j'aurais inscrit tout autre chose dessus. Genre juste trois mots...
C'était bien ce début de vacance avec les enfants, en famille... Dommage que mon chien soit trop vieux pour monter dans le coffre de la voiture afin parfaire le cliché putain...
L'Ami disait qu'il était temps que je me tire. Il m'en veux pas de ne pas l'emmener...cette fois encore. C'est vrai qu'on a encore toute cette vie qu'on finira ensemble dans la "Villa de Jade", je serai sa Sarah Bernhardt et lui mon Georges Clairin.
Oui c'est vrai que j'étais déjà un peu partie, "absente" en dehors des temps que la vie m'oblige et ceux que mes esquives de ninja ne me permettent pas d'éviter... Les allers retours à l'océan, les soirées la tronche dans mon ukulélé, les nuits à m'abrutir devant des films à voir ou à revoir...
Tu débarqueras par le premier ferry. Tu poseras ton sac, tu t'achèteras un livre puis tu reviendras prendre un café sur le port et le ferry repartira sans toi...
Et tout ira bien. ;)